Alors que 2011 est l’année internationale des forêts, une vague de suicides touche les forestiers de l’Office National des Forêts (ONF), révélant un malaise généralisé.
En Alsace, près de 80% des forêts sont publiques et gérées dans un cadre réglementaire commun : le Régime forestier. Ce régime doit garantir une gestion durable des forêts en intégrant les dimensions économiques, écologiques et sociales (accueil du public) pour la conservation de ce patrimoine, son exploitation et sa mise en valeur.
Lors de sa visite à URMATT en 2009, le président Sarkozy, dans un discours sur la politique forestière, a affirmé sa volonté de développer l’exploitation forestière de plus de 40% d’ici à 2020.
Paradoxalement, cette augmentation s'accompagne d'une réduction drastique du nombre de gardes forestiers et d'agents ONF (700 nouvelles suppressions de postes à l'ONF sont annoncées d'ici 2016). Le gouvernement, à travers une note de la direction générale du Trésor sur les « pistes de réformes de la politique forestière », formule des propositions d'évolution visant, selon des syndicats et associations (SNUPFEN, CGT, CFDT, WWF, LPO, …) au démantèlement de l'ONF et à la privatisation de la gestion des forêts publiques.
Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, s’en défend mais n’oublie pas de préciser : “La question du financement du régime forestier fera l’objet d’un examen particulier destiné à identifier les conditions de son équilibre.”. Ce régime est aujourd’hui financé à 85% par l’État et à 15% par les communes forestières.
Face à ces restrictions budgétaires, l’ONF doit augmenter sa production de bois de 10 à 30%. Dans ce contexte, la France continue de se comporter en pays sous-développé en exportant des bois bruts qui reviennent sous forme de meubles, depuis la Chine notamment.
Le 11 janvier dernier, l’ONF a reconnu pour la première fois que l’un des suicides de ses agents (en décembre 2009, dans le Jura) était « imputable au service ». Beaucoup seraient liés à une « souffrance éthique », née de la mutation de la « forêt-écosystème » à celle de la « forêt-usine », soumise aux contraintes du marché du bois, opposée à la gestion écologique des massifs.
« Il y a un risque de couper le lien entre la population et la forêt si celle-ci devient uniquement un lieu consacré à l’exploitation du bois, craint Pierre GRANDADAM, président de l’Association des maires des communes forestières d’Alsace-Moselle. L’année dernière, j’ai vu ce que cette politique donnait au Brésil : on fauche les arbres comme du maïs. On ne peut pas accepter ça. La forêt doit rester multifonctionnelle pour qu’on puisse continuer de s’y promener, d’y travailler et de valoriser un matériau renouvelable. »
Pour discuter de ces questions, après la projection de « SystemD - Emission Spéciale Bûcherons » de Télé Doller, l’ensemble des acteurs de la forêt (syndicats forestiers, représentants de l’ONF et des communes forestières, usagers,…) se retrouveront lors de la soirée-débat à GUEBWILLER.
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